Les cinq piliers de l'islam, de Ibn Arabi (Traduit de l'arabe par Abdallah Penot)
En quelques pages, on trouve résumée ici la signification intérieure et les fondements de la religion musulmane expliqués par le plus grand des Maîtres du soufisme. La traduction est de ‘Abdalllah Penot, un des meilleurs traducteurs actuels de l’islam classique, par ailleurs représentant d’une confrérie shadilite syrienne en France. C’est le troisième ouvrage d’Ibn ‘Arabî qu’il traduit.
Texte à l’origine pour les savants, ce livre ouvre cependant à chacun des perspectives d’une permanente actualité, y compris pour le simple fidèle ou le non-musulman. C’est un livre qui s’adresse à tous ceux qui désirent comprendre l’islam de l’intérieur. Un texte indispensable susceptible d’accompagner une vie entière.
Ce recueil est une anthologie thématique composée de chapitres inédits en français se référant aux cinq piliers de la religion musulmane considérés du points de vue du soufisme. Ils sont tirés des Révélations de La Mecque, en arabe : les Futûhât al-Makkiyyah, la somme théologique d’Ibn ‘Arabî et son chef-d’œuvre. Celui qui a été appelé les plus grands des maîtres y montre que, non seulement, ces piliers n’ont pas de sens caché et que celui-ci est bel et bien des plus apparents mais que, simplement, nous ne sommes plus capables de le voir.
Selon la tradition, fondée sur une parole du Prophète, l’islam repose sur cinq piliers : la profession de foi, la prière rituelle, l’aumône rituelle, le jeûne du mois de ramadan et le pèlerinage à La Mecque. Ibn ‘Arabî les passe en revue dans ce recueil auquel on a ajouté des extraits du chapitre sur l’ablution (qui, traduit intégralement, pourrait donner lieu à un livre à part entière) car il est étroitement lié à ceux consacrés aussi bien à la prière qu’au pèlerinage. Bien entendu, l’approche d’Ibn ‘Arabî n’est pas celle de la généralité des musulmans et surtout pas des fondamentalistes modernes. Le lecteur qui croit connaître l’islam, en lisant ce petit opuscule, réalisera sans doute que cette religion n’est pas forcément ce qu’il avait cru jusqu’ici. Ibn ‘Arabî y livre en effet une partie de sa compréhension du sujet mais elle conduit à reconsidérer l’ensemble de la tradition. L’ouvrage est une synthèse d’une somme d’enseignements sans équivalent aussi bien dans le soufisme que dans le monde musulman.
Chapitre après chapitre, Ibn ‘Arabî aborde les cinq piliers de l’islam de la profession de foi au jeûne et au pèlerinage en passant par la prière et l’aumône. Chacun est précédé d’une introduction permettant au lecteur non-musulman ou à quiconque, musulman ou non, n’est pas versé dans les sciences religieuses islamiques de pouvoir comprendre certaines subtilités théologiques et juridiques développées par l’auteur en même temps qu’un rappel de quelques éléments de base de la pratique de certains rites.
Partant des sources classiques et examinant la lettre de leur formulation, Ibn ‘Arabî montre comment leur littéralité même est aussi le parfait réceptacle de l’esprit de l’islam. Il démontre ainsi qu’à l’inverse de ce qu’on croit, ses piliers n’ont pas de sens caché mais qu’au contraire, celui-ci est des plus apparents. Si ce sens nous paraît caché, c’est simplement que c’est nous qui ne sommes plus capables de le voir.
Le tout constitue un livre d’une extrême densité dont chaque lecture révélera de nouveaux prolongements en sorte qu’il peut accompagner un lecteur sa vie durant. En période agitée et confuse, il fournit des éléments permettant de mieux comprendre une doctrine religieuse en dehors des visions fondamentalistes toutes plus ou moins héritées d’Ibn Taymiyya, sa vie durant, un des ennemis d’Ibn ‘Arabî et, aujourd’hui, la référence majeure des salafistes et des néo-djihadistes.
Les Futûhât comportent six sections : les connaissances (ma‘ârif), les comportements (mu‘âmalât), les états spirituels (ahwâl), les demeures (manâzil), les points de jonction (munâzalât) et les stations (maqâmât). Les textes réunis ici appartiennent au premier quart de l’œuvre et se réfèrent à la symbolique et au sens des rites fondamentaux que pratique tout musulman de quelque école et courant qu’il soit.
La pureté peut être corporelle comme spirituelle : pureté des membres ou pureté du cœur. La pureté du secret intime consiste à ne pas considérer d’autres que Lui tout en se purifiant les membres. Ibn 'Arabî